Emailler :V. Parsemer quelque chose de détails qui en rompent la monotonie (larousse)

La technique ancienne de la grisaille :
le blanc de Limoges

La technique ancienne de la grisaille : <br />le blanc de Limoges

La technique de la grisaille au blanc de Limoges a été inventée au 16ième siècle pour réaliser notamment des copies des gravures, très en vogue à l’époque. Certains disent que c’est à Limoges qu’est né le blanc de Limoges. Certains attestent qu’il a été fabriqué/inventé à peu près en même temps dans le nord de l’Italie. Le mystère reste entier mais Limoges remporte la manche en donnant son nom à cet émail blanc si particulier.

Car le blanc de Limoges (BDL) n’est pas tout à fait un émail comme les autres. C’est un mélange à peu près équivalent à un émail blanc sauf qu’il contient plus d’oxyde que de verre et qu’il est réduit en poudre très fine. On le mélange à une huile pour obtenir une pâte qui a à peu près la même texture que la peinture à l’huile. Il est donc plus facile de faire des dégradés et des nuances de gris qu’avec un émail opale utilisé aussi pour la grisaille (technique moderne, voir l’article sur le sujet ici).

Par contre, ô malheur, ô mauvaise fortune, nous avons perdu la recette de l’époque. Seuls nous reste quelques traités expliquant la technique de pose. Ayant perdu la recette, on a retenté de faire un blanc de Limoges mais l’actuel est plus blanc que l’ancien, il est donc moins facile de faire des dégradés, la palette de gris est moins importante.

Au 16ième siècle, l’huile et l’eau étaient utilisées comme liant. On peut utiliser de :

  • Huile de lavande (utilisée au 16ième siècle)
  • Huile de rose (utilisée au 16ième siècle)
  • Huile ou essence de térébenthine
  • Paraffine ( utilisée depuis le 20ième siècle, pas avant)
  • Eau distillée avec de la colle (j’explique ça plus bas)

 

Le critère de sélection d’une huile est sa capacité ou non à s’évaporer. La térébenthine par exemple s’évapore très vite. Avantage : on peut corriger en grattant le blanc certaines zones, on peut ajouter des détails à l’aiguille. Inconvénients : on ne peut plus retoucher à une zone sèche avec du BDL. Si on y retouche, on risque d’obtenir des bulles lors de la cuisson. La paraffine au contraire de l’essence de térébenthine ne sèche pas. Il est donc possible de rectifier facilement le dessin mais, avec le temps, l’huile s’étale et le tracé perd en précision. Donc, il faut choisir le liant en fonction de ses besoins.

Il est fortement déconseillé de mélanger les huiles sur une même plaque de grisaille. Il est préférable de réaliser les détails avec du blanc mélangé à de la térébenthine puis de cuire avant de diluer le blanc dans de la paraffine pour terminer le dessin.

La différence fondamentale entre le blanc de Limoges et la grisaille à l’opale c’est que, plus on cuit un opale plus il devient blanc (voir l’article sur le sujet de la grisaille à l’émail opale ici). Alors que, plus on cuit un blanc de Limoges, plus il s’évanouit et tend à disparaître.

Comme je le disais dans la liste des liants, on peut aussi mélanger le blanc de Limoges avec de l’eau (eau distillée + 3 gouttes de colle). Cela donne une application du blanc plus genre aquarelle. Les anciens pratiquaient aussi cette technique  et laissaient reposer leur mélange BDL-colle-eau durant toute une nuit de pleine lune. Donc soit vous avez une pleine lune et ça tombe bien, soit vous laissez reposer une nuit et ça ira aussi. L’avantage de la technique à l’eau est que l’enlevage à l’aiguille est plus facile.

Avant d’enfourner une grisaille au blanc de Limoges et si le liant était de l’huile, il faut TOUJOURS (je ne rajouterai pas le rouge et surligné, mais franchement je pourrais) faire brûler les graisses du liant avant de déposer la pièce dans le four. Autrement, la graisse va brûler, faire des flammes, et bousiller votre si charmant travail-que-vous-avez-passé-5h-dessus-alors-que-des-pôtes-vous-avaient-proposés-de-venir-boire-un-verre. Avouez que ce serait dommage. Donc, mettez la pièce dans l’âtre quelques secondes et sortez là pour que les graisses se consument sans flamber. Votre blanc va virer gris marron brulé mais ce n’est rien, ne vous inquiétez pas, faites moi confiance. Quand plus aucune fumée ne s’échappe de la pièce (plusieurs allez-retours de quelques secondes dans le feu sont nécessaires), vous pouvez enfourner pour de vrai ce coup-ci. La cuisson doit se surveiller pour ne pas faire de surcuisson. Rappelez vous que le blanc de Limoges a tendance à s’estomper.

Voici quelques pièces en blanc de Limoges depuis le 16ième siècle jusqu’à nos jours :

Léonard Limosin, Psyché enlevée par Zéphir, 1534, émail peint sur cuivre, Paris, musée du Louvre. L'artiste s'inspire d'une gravure italienne d'après une composition de Raphaël et reprend même les vers italiens qui l'accompagnaient.

Léonard Limosin, Psyché enlevée par Zéphir, 1534, émail peint sur cuivre, Paris, musée du Louvre.
L’artiste s’inspire d’une gravure italienne d’après une composition de Raphaël et reprend même les vers italiens qui l’accompagnaient.

 

Greek Charity, de Jean Penicaud II, Grisaille, 1545

Greek Charity, de Jean Penicaud II, Grisaille, 1545

 

Montre Rotonde de Cartier 42 mm, décor tigre, émail grisaille, 2012 Edition limitée de 100 pièces

Montre Rotonde de Cartier 42 mm, décor tigre, émail grisaille, 2012
Edition limitée de 100 pièces

Montre de poche Patek Phlippe en or et ballerine au blanc de Limoges, pièce unique de 2014

Montre de poche Patek Phlippe en or et ballerine au blanc de Limoges, pièce unique de 2014


Une réponse

  1. Zamora Jean dit :

    Bonjour.Je viens de tomber par hasard sur ce cite.Je ne sais pas qui donne la technique de la grisaille mais cela me fais bien rire

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