Emailler :V. Parsemer quelque chose de détails qui en rompent la monotonie (larousse)

Cloisonné japonais

Cloisonné japonais

Grande chance en ce début d’année scolaire 2015 à la Llotja : cours de cloisonné japonais avec une véritable émailleuse japonaise du japon : Mme Kyoko Iio (son site web ici).

Nous avons ainsi pu nous initier à une technique légèrement différente du cloisonné « européen » (voir l’article qui explique la technique du cloisonné ici – pas encore publié pardon, j’me dépèche). Les différences sont minimes mais peuvent présenter des avantages. Le problème restant principalement de trouver le matériel en France ou en Europe. En effet, où acheter du charbon de magnolia ? ou trouver de la colle d’algue ? Reste à avoir des amis japonais connaisseurs pour vous envoyer des paquets depuis le Japon…

Les principales différences sont :

  • Le nettoyage du cuivre avant émaillage se fait classiquement au feu puis au vinaigre mais la pièce peut-être poncée avec du charbon de magnolia pour enlever la calamine et permettre une meilleure accroche du contre-émail. Ce charbon doit s’utiliser dans le sens contraire des fibres du bois.
  • La technique sèche est utilisée pour le contre-émail et la première couche (avant la pose des fils). Comme nous ils enduisent le métal de colle, puis ils tamisent mais au lieu de pulvériser simplement de l’eau après la dépose, il pulvérise un mélange d’eau et de colle. D’ailleurs la colle n’est pas la même que chez nous, elle est préparée à partir de poudre d’algue (mais je n’ai pas compris laquelle, barrière de la langue oblige).
  • La première couche n’est pas un fondant (transparent) mais un blanc n°902 qui est cuit très peu.
  • Après la dépose des fils qui sont fixés à la colle à base d’algue, une autre couche de fondant a été soupoudrée pour permettre une meilleure adhérence des fils. La cuisson s’est fait à une température de 780°C pour éviter d’atteindre le point de fusion de l’argent (voir l’explication physique à la fin de l’article) et a aussi été très courte pour éviter la sur-cuisson. Les grains de l’émail doivent avoir une texture granuleuse.
  • L’émail se dépose à l’aide de petits bâtons en bois de bambou et non à la spatule et à l’aiguille comme chez nous.
  • Après dépose et avant cuisson, on peut aplanir l’émail en faisant rouler le bâton de bois sur la pièce. ça permet d’avoir une couche plus homogène si vous avez fait la dépose comme un cochon.
  • Les couleurs ne sont pas appliquées très finement dans les alvéoles. On peut déborder. On peut même appliquer plusieurs couleurs dans une même couche et les cuire ensuite. Cela donne des effets de mélange qui adoucissent les aplats de couleurs et donne cette effet « japonais ».
  • Lors de la dernière cuisson, un émail transparent (fondant) est appliqué en technique sèche.
  • Le lapidage de la pièce est une étape fondamentale des cloisonnés japonais. Le gros de la matière est enlevé à l’aide de limes. Puis, nous avons utilisées des pierres japonaises à grain de plus en plus fin (150, 320, 400, 600, 800 pour terminer par la 1000). A cette étape, la pièce n’avait (normalement) plus de dépressions. Nous avons finalisé le travail en poncant la pièce à l’aide d’un charbon de Paulowniaceae et d’une pierre nakura à grain très fin. A la fin de cette étape, la pièce a été passée dans une machine a ultra son pour enlever toutes les impuretés. La pièce a finalement été cirée à l’aide d’une cire pour bois et d’un chiffon doux. C’est donc à peut-près comme chez nous sauf que le charbon et la pierre nakura ont des grains très fins que nous n’utilisons pas (ou très peu) en Europe. L’émail japonais a donc un effet plus brillant.

 

Petit cours de physique pour éviter les raté avec l’argent : le  point de fusion du cuivre est à 1085°C et le point de fusion de l’argent est à 961°C.  Toutes les cuissons d’un cloisonné en fils d’argent sont donc réalisées autour de 850°C pour éviter la fusion de l’argent. Mais attention ! Si l’argent touche le cuivre, son point de fusion s’abaisse ! Il est donc fondamental qu’une couche d’émail protège toujours le contact entre les fils de cloisonné en argent et le cuivre. Si vous observez le graphique ci-contre, vous verrez qu’un mélange argent-cuivre a un point de fusion plus faible qui se trouve aux alentours de 779°C pour un mélange à 71% d’argent. Autant dire qu’à 850°C…pfut…tout fond ! C’est pour cela qu’on peut baisser la température du four à 780°C au moment où l’on fixe les fils dans la première couche d’émail pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Dépose et collage des fils d'argent sur la première couche d'émail

Dépose et collage des fils d’argent sur la première couche d’émail

Dépose de l'émail au bâton de bambou (seconde couche)

Dépose de l’émail au bâton de bambou (seconde couche)

Pièce terminée et polie

Pièce terminée et polie

Pièce terminée de face

Pièce terminée de face

 



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10 Réponses

  1. Gleveau dit :

    Très bel article. Merci

  2. Carole dit :

    Bonjour Emilie. Merci pour ce si charmant blog.
    Une question: ou trouver ce blanc numéro 902?
    (Pour la débutante que je suis)
    Merci

    • Emilie dit :

      Bonjour,
      Le blanc n°902 que je cite dans l’article est un émail japonais du japon. Je n’ai aucune idée pour le moment d’où on peut trouver et surtout quel fournisseur japonais accepterait d’envoyer en Europe/France quelques boîtes.
      En attendant votre prochain voyage au Japon, vous pouvez utiliser des émaux français (soyer) qui sont très bien aussi.Le 148 fait l’affaire. Il faut pas contre sous cuire légèrement les couches afin que le blanc ne remonte pas en bulle dans les couches supérieures. Seule la dernière cuisson doit être « à point ».

  3. Morgane dit :

    J’aime beaucoup la grenouille 😀
    Merci pour ce blog c’est une mine d’or ! D’autant plus que je trouve qu’il est t’es difficile de trouver des info sur le sujet sur le net….
    En parlant de la cuisson du blanc… As tu prévu de faire un article sur la cuisson des différents émaux ? J’ai cru voir passer que chaque couleur avait sa température de cuisson ?

    • Emilie dit :

      Chaque couleur réagit de façon différente au feu mais pas au point de faire un article par couleur 🙂
      Il faut savoir que les blancs se font facilement oxyder par le cuivre pour tonner des tons bleus très sympas. Chaque blanc réagissant de manière différente. Certains sont plus bruns, d’autres plus bleus, il faut les tester.

  4. Lisa dit :

    Bonjour, le vinaigre blanc chaud peut-il être utilisé pour nettoyer l’émail (bronze émaillé) ou ça risque de l’abimer ? Merci

  5. Delphine Gentile dit :

    bonjour,
    merci pour ces explications. est ce que vous faites des stages pour apprendre à faire du cloisonné ? je suis vivement intéressée.
    merci de votre réponse;

    delphine gentile

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