Les Instants Essentiels

Pique et plique: n. f., Pique que l’on passe dans les cheveux pour tenir les chignons. Technique d’émail qui consiste à émailler sans fond.

Tout part d’un exercice scolaire consistant à faire une pique à cheveux en utilisant la technique du plique-à-jour. (Pour plus d’information sur la technique de plique-à-jour, voir cet article). Les bases sont posées. Pas possible de les éviter. Que faire alors ??

A partir de ces contraintes, et n’ayant pas peur de passer après Lalique, (pour plus d’information sur Lalique…l’article est en cours de construction ;)) j’ai choisi d’après la forme de faire une fleur de lotus en mélangeant divers matériaux : l’émail, le métal et le bois.
Le lotus est un thème que j’ai déjà abordé dans d’autres projets. Le lotus, symbole déjà utilisé chez les Égyptiens incarne la naissance et la renaissance après la mort. Il incarne également le principe féminin et symbolise l’épanouissement de l’âme. « De la sombre profondeur du fond de l’étang, le lotus apporte beauté et lumière ».

Pour ce travail, je me suis rajoutée une contrainte. Je voulais absolument travailler le bois. L’atelier bois de la Llotja est attenant à l’atelier d’émail. Nous parviennent de là des odeurs de bois mélangées, le bruit des marteaux sur les ciseaux, … La curiosité étant l’un de mes vilains défauts, je suis allée rencontrer le professeur qui, très aimablement, m’a proposé des bois différents. J’ai choisi le cèdre pour sa couleur si spéciale qui rappelle le rouge du cuivre.

Dégrossissage à la scie à chantourner puis finition au cutter et papier émeri.

J’ai ensuite commencé à dessiner la pique que j’avais en tête. Je voulais quelque chose d’organique et géométrique. Souple pour casser la rigidité des plaques de métal utilisées en émail. En réalisant divers essais de couleurs, il est apparu que les émaux verts d’eau étaient les plus appropriés à se mélanger avec le cèdre. De plus, le vert d’eau est souvent utilisé pour les lotus dans les représentations égyptiennes.

Après quelques gribouillis techniques, mes profs m’ont assuré que jamais je n’arriverai à faire cette pièce.

dessin technique de la pique à cheveux, dessin perso

Mes alvéoles étaient trop grandes, impossible qu’elles se ferment. Étant malheureusement têtue comme une bourrique, j’ai commencé à réaliser la pièce. Avec du cuivre 1mm. Mauvaise idée, le cuivre est trop malléable, la taille gigantissime de mes alvéoles ne permettaient pas le moindre mouvement et il calamine le bougre (très mauvais pour la plique-à-jour). Premier cassage de dent.

Mais je ne me suis pas arrêtée là. J’ai donc refait la pièce en argent 1mm. L’émail a bien adhéré dans les petites alvéoles en volumes, malheureusement, même si la partie plate de la pièce était posée sur du mica, les grandes alvéoles se sont fermées puis ouvertes à la dernière cuisson (j’ajoute en effet un dégradé d’émail vert foncé 51 sur la fin). J’ai donc tout brisé et recommencé. Changement de technique pour les grandes alvéoles :

• Arrêt de l’utilisation du pinceau, j’ai utilisé une spatule qui m’a servit à tasser l’émail dans les alvéoles.
• Fixation de la partie plate de la pièce (les grandes alvéoles) à l’aide de punaises sur la plaque d’enfournement
• J’ai laissé la couche de mica entre la pièce et la plaque d’enfournement. Mais avec la fixation par punaises, cela a permis à l’émail d’être toujours bien en contact avec le mica.

Et paf, les alvéoles se sont fermées. J’ai fabriqué deux petits clous d’argent et j’ai fixé sur le tout sur ma pique en bois. Vive l’acharnement ! Vive la plique-à-jour !

vue dessus et côté. Photo perso